Mon père était un grand adepte du vélo ; il en a pratiqué jusqu'à un âge avancé. Par ailleurs, il n'affichait aucun surpoids, bien au contraire, et n'avait jamais fumé de sa vie. Et pourtant, un jour, un professeur agrégé de médecine lui a diagnostiqué une cardiopathie aiguë. Presqu'un gros mot. On imagine l'effroi que ce genre d'expertise provoque au sein d'une famille.
Mon père vivait en Afrique. Je le vois débarquer, un jour, à l'aéroport de Roissy, flottant dans ses habits. J'allais passer les trois mois suivants à l'amener passer des examens et des consultations à l'hôpital Cochin, où j'ai fait part à un autre professeur de médecine de mes doutes à propos du premier diagnostic posé par son collègue.
Il faut dire que j'ai passé du temps à expliquer à mon père que, de mon avis, il n'était pas du tout cardiaque.
- Mais tu n'es pas médecin !, rétorquait-il. Tu penses peut-être en savoir plus que celui qui m'a examiné !
Au fond de moi, je savais qu'il n'était pas cardiaque, mais comment faire ? Les analyses effectuées à Cochin étaient parfaitement normales : le muscle cardiaque ne présentait aucune défaillance.
C'est en l'observant à table que j'ai fini par comprendre le pourquoi du comment. Pour commencer, je me suis rappelé que mon père prétendait ne pas supporter de matières grasses dans son repas du soir. Voilà qui m'a suggéré de lui faire manger notamment des radis en entrée, accompagnés de beurre. Je revois encore son mouvement d'indignation :
- Mais tu sais bien que je ne supporte pas de graisse le soir !
- Ce n'est que du beurre !, lui ai-je rétorqué.
Mais il avait bien vu qu'il y avait aussi de la graisse dans la sauce accompagnant la viande. Je l'ai vu se mettre presque à transpirer. Mais il a tout mangé. Et le lendemain, au matin, au lieu de la fameuse "crise de foie" habituelle, rien, nada ! Et lui de s'étonner :
- C'est bizarre ; en temps normal, je devrais être cloué au lit, complètement malade d'avoir mangé du gras hier soir !
J'avais percé le secret de ses fameuses "crises de foie", ainsi que l'explication pour ses arythmies, qui lui faisaient battre le coeur de façon souvent irrégulière. Et j'ai fourni mon explication à la dame de l'hôpital Cochin, laquelle, en sa qualité de professeur agrégé, a validé ma théorie.
Le fait est que mon père mangeait mal, comme beaucoup de gens, d'ailleurs, habitués qu'ils sont à manger toujours la même chose. Sauf que là, j'avais pris le temps de l'observer - ce que les médecins ne font jamais en consultation, pas même à l'hôpital lors des hospitalisations ! - et de faire quelques constats, ce qui m'a conduit à lui imposer un programme alimentaire auquel il n'était pas du tout habitué.
Et c'est là que je ne peux pas m'empêcher de dénoncer ces mauvais médecins, même bardés de diplômes. Parce que notre agrégé de médecine (le premier) s'était contenté de noter des symptômes, comme le font tous les médecins, sans jamais chercher à traquer la cause, se contentant de réciter des leçons apprises à la faculté et qu'il devait, lui-même, inculquer à ses étudiants en médecine, à savoir : coeur battant irrégulièrement = cardiopathie...
Comme la grande majorité de ses collègues, notre médecin n'était qu'un vulgaire distributeur d'ordonnances. Parce qu'il aurait dû prendre le temps, que moi j'ai pris pour bien observer mon patient de père. On me rétorquera que le temps c'est de l'argent, et qu'avec ce que je préconise, les consultations prendraient des heures et coûteraient une fortune !
Mon père est rentré en Afrique au bout de six mois passés en France, complètement requinqué, absolument guéri de sa "cardiopathie", le tout sans avoir avalé le moindre médicament ! Le professeur de Cochin avait fini par se rendre à l'évidence : c'était un problème d'hygiène alimentaire que je me suis attaché à corriger à la maison, en faisant la cuisine tous les jours.
Moralité : si jamais un médecin, fût-il professeur agrégé de médecine, vous diagnostique une cardiopathie aiguë, commencez par vous poser les bonnes questions, en éliminant les mentions inutiles : surpoids, tabagisme, antécédents familiaux, cholestérol élevé, etc. Et si, comme mon père, vous êtes plutôt mince, n'avez jamais fumé, faites de l'exercice régulièrement, et si, de surcroît, les machines ne détectent rien de suspect, alors vos malaises ont probablement une origine étrangère à l'organe lui-même. Et moi, à votre place, je regarderais d'abord dans l'alimentation. Mais il y a aussi la vie quotidienne et ses contraintes...
Par exemple : quelle relation de cause à effet peut-il bien y avoir entre l'hypertension artérielle, chronique dans les pays chauds, d'une part, avec le climat de ces mêmes pays, d'autre part ? Je suis sûr qu'en y réfléchissant un peu, vous devriez trouver la réponse.
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