Amis lecteurs et lectrices, si je vous soumettais un petit quiz ?
Question : savez-vous quels sont les vrais inventeurs de la mondialisation ?
Vous me répondez : Marco Polo ! Les banquiers allemands de la Hanse ? Leurs collègues génois ? Les grands marins portugais ? Christophe Colomb ?
Moi, je vous réponds : les rats !
Oui, les rats. Enfin, ils se sont quand-même fait un peu aider, par les marins notamment.
Le rôle des rats dans le phénomène de mondialisation ? Pensez donc à un des tout premiers phénomènes dont l'impact va s'exercer simultanément dans un grand nombre de pays... Vous ne voyez pas ?
Et moi je vous réponds : la peste !
Ben oui, la peste. Quelques siècles, voire plus, avant le Sida, les grippes A, H1N1...
Et pour que le phénomène se mondialise, il fallait un agent : le rat, et un vecteur : le bateau à voile. Voilà comment les rats ont inventé la mondialisation. Une épidémie de peste pouvait décimer une bonne partie de la population d'un continent. Et là, une observation s'impose : qui dit marine à voile, dit commerçants ou troupes armées. Un navire, ça coûtait de l'argent. Ceux qui voyageaient, donc transportaient les rats, étaient tout sauf des pauvres. Ce qui veut dire que la peste était surtout propagée par des gens ayant les moyens de se déplacer, même si elle a fait ses plus gros ravages parmi les couches les plus exposées des quartiers populeux.
Depuis le Moyen-Âge, on a inventé plus perfectionné que les bateaux à voile, et l'on a accru les risques de contamination du monde entier, via l'avion.
Souvenons-nous de ces cataclysmes partis du Viet-nam, disait-on, ou du Mexique. À chaque fois, le branlebas de combat a été similaire. Il faut dire que le monde dispose désormais d'une caisse de résonance baptisée OMS.
Bien entendu, comme tout le monde, j'ai reçu le courrier du ministère de la santé, afin de me rendre dans un gymnase pour me faire vacciner contre la grippe A. J'ai rangé le courrier dans un tiroir... Je n'ai jamais attrapé de grippe saisonnière ; et pourtant, je ne me suis jamais fait vacciner. Alors, pourquoi attraperai-je cette grippe-ci ? J'estime qu'avec le temps, mes défenses naturelles se sont suffisamment musclées pour que je ne me précipite pas chez un médecin à chaque fois que je ressens une gêne quelque part.
Il paraît que la France a dépensé trop d'argent en achat de vaccins contre la grippe A... Pauvre madame Bachelot ! En attendant, la prochaine vague de "gastro" va encore handicaper bien des entreprises, désorganiser bien d'établissements scolaires, coûter un paquet d'argent à la Sécurité Sociale !
Question : Et si l'on introduisait des cours d'hygiène et de prophylaxie dans les établissements scolaires, mais aussi en direction des personnels de l'hôtellerie-restauration, des compagnies aériennes, des agences de tourisme..., toutes professions tributaires du bon état sanitaire mondial ?
Question : Et si l'on introduisait des cours d'hygiène et de prophylaxie dans les établissements scolaires, mais aussi en direction des personnels de l'hôtellerie-restauration, des compagnies aériennes, des agences de tourisme..., toutes professions tributaires du bon état sanitaire mondial ?
Mais revenons à l'avion. À l'instar de la marine à voile, autrefois, l'avion est devenu, de nos jours, un puissant vecteur de contamination internationale. D'où la surveillance accrue dans les aéroports. Mais, là encore, il y a comme des similitudes avec les temps anciens. Les principaux vecteurs de la mondialisation des maladies, ce ne sont pas les pauvres.
Nous savons que les premières personnes qui aient transporté des germes de la grippe A, par exemple, étaient des touristes ou des voyageurs de commerce, qui avaient pris l'avion. Et qui dit tourisme, commerce, dit voyage intercontinental, aéroport, hôtel. Et ça, ça ne concerne que des gens ayant les moyens de voyager.
Autant dire que si j'étais le patron d'une compagnie aérienne, d'un hôtel, d'une agence de tourisme..., j'attacherais une importance toute particulière à la prophylaxie de la peste, sous ses acceptions modernes. Je suppose que c'est déjà fait, à en juger par la recrudescence des mesures de sécurité lors de l'embarquement dans les aéroports. Mais cela suffit-il ?
Nous savons tous que, par exemple, le personnel affecté au nettoyage industriel ou en entreprise est généralement recruté parmi les personnes les moins diplômées. Ce n'est donc pas leur faire injure que de penser que leur sensibilité à certaines considérations liées à la mondialisation des épidémies n'est pas nécessairement très vive, et que faute d'une formation adéquate, ces personnes sont particulièrement exposées aux agents pathogènes les plus divers (on imagine des femmes de ménage nettoyant, sans précausion particulière, un avion dans lequel se serait trouvée - ou une chambre d'hôtel dans laquelle aurait dormi - une personne porteuse de la grippe A), et qu'en cas de contamination, elles iraient répandre les germes dans tout l'établissement qui les emploie, voire au sein de leurs collègues.
N'oublions pas que, si la peste a disparu officiellement, le choléra et la tuberculose sont encore vivaces - cf. Haïti -, ainsi que mainte pathologie intermittente, contre laquelle la médecine n'a encore trouvé aucune parade - cf. la fièvre Ebola.
Par ailleurs, le monde du nettoyage passe pour afficher un turn-over ainsi que des taux d'absentéisme assez élevés. Et si c'étaient là les retombées d'une mauvaise prise en compte des règles d'hygiène les plus élémentaires, outre les considérations liées à une certaine pénibilité du travail ? (1)
(1) Dans "Le quai de Ouistreham", la journaliste Florence Aubenas décrit de façon percutante la vie quotidienne d'une femme de ménage confrontée aux horaires décalés et à la précarité...
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